Jusqu’à présent, la chaleur dégagée des data centers*, ces usines du numérique (dont les puissants serveurs informatiques), était tout simplement évacuée dans l’air au moyen de différents systèmes de climatisation. Mais depuis quelques années, à l’image de Cherbourg qui se chauffe à l’eau de mer, des initiatives de récupération et réutilisation de ces calories sont mises en place pour chauffer des logements, des bureaux, des usines, des piscines ou même des serres végétales :
- À Amsterdam, aux Pays-Bas, l’université a accès à de l’eau chaude gratuite provenant du data center de l’opérateur Equinix, qui partage son campus ;
- En France, à Roubaix (Nord), les cinq centres de données d’OVH, le leader français de l’hébergement, chauffent gratuitement les bureaux de l’entreprise, ainsi que quelques firmes voisines ;
- Le data center de l’opérateur britannique Global Switch alimente également une serre tropicale dédiée à la production des fleurs de la ville de Clichy (Hauts-de-Seine) ;
- Autre exemple : à Uitikon, en Suisse, une piscine publique est chauffée avec un centre de données d’IBM.
La plus grande expérience européenne se déroule en France
L’expérience la plus large en Europe se déroule tout près du parc Eurodisney, dans une zone en développement d’une surface prévue de 180 hectares (dont 40 ha aujourd’hui bâtis) dans le parc d’activités de Val d’Europe, à Marne-La-Vallée (Seine-et-Marne).
Depuis septembre 2011, la chaleur émise par le data center de la banque Natixis est récupérée pour alimenter un réseau de chauffage urbain. Au final, ce système fait circuler une eau à 55 °C dans un réseau de 4 km de canalisations, auquel doivent être raccordés différents bâtiments. Comment ? L’eau chaude des condenseurs des systèmes de climatisation est récupérée par des échangeurs thermiques, puis distribuée sur le réseau via une centrale de production d’énergie.
Pour l’instant, un centre aquatique et une pépinière d’une quinzaine d’entreprises s’y sont connectés.
5 400 tonnes de co2 économisées
À terme, le data center fournira 26 millions de kilowattheures par an, et pourra alimenter en chauffage et en eau chaude sanitaire 600 000 m2 de bâtiments, soit une économie annuelle de rejet de 5 400 tonnes de CO2, l’équivalent des émissions entraînées par 5 000 voitures chaque année.
Contrairement aux autres expériences menées à plus petite échelle ailleurs en Europe, ce chauffage n’est pas gratuit et revient aux clients 8 centimes le kWh, soit un prix inférieur au chauffage électrique, mais un peu supérieur à une installation au gaz ou au fioul.
–> À noter que c’est une énergie décarbonnée, dont le prix n’augmentera pas plus que l’inflation, contrairement au gaz.
*À l’échelle européenne, la Commission estime qu’en 2008, les centres de données ont consommé 56 milliards de kilowatts, dont la moitié pour refroidir les bâtiments.
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