Alors qu’elle ne réutilise guère que 0,2 % des eaux usées sortant de ses stations d’épuration, loin de la moyenne européenne (2 %) et a fortiori de l’Espagne (environ 10 %), la France se met doucement au réemploi des eaux usées, ou « re-use ». (Voir aussi : Écologie : quelles sont les villes les plus vertes de France ?)
A Clermont-Ferrand, l’utilisation des eaux rejetées par la sucrerie de Bourdon et par la station d’épuration locale pour irriguer des cultures de maïs semence « a coûté 1 million d’euros dans les années 1990, mais cela a permis de passer de 200 à 700 hectares cultivés et devrait générer une économie de 11 millions d’euros sur cinquante ans », détaille Nicolas Condom, président fondateur de Ecofilae, société de conseil innovante spécialisée dans la réutilisation des eaux usées traitées de toutes origines.
Du côté des collectivités, « elles ont lancé une quarantaine d’appels d’offres pour des diagnostics et des études économiques de projets alors qu’on en dénombrait au maximum une dizaine il y a encore deux ou trois ans », témoigne Xavier Romieu de l’agence Espelia qui conseille les collectivités territoriales. Les subventions offertes par les agences de l’eau locales y ont beaucoup contribué. « Ce boom est dû à l’assouplissement du cadre réglementaire (en 2014 puis en 2016) et au financement apporté, notamment par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse à une quarantaine de dossiers retenus par le vaste appel à projets qu’elle a lancé en 2016 », confirme le président d’Ecofilae.
Utiliser les eaux usées : ces villes qui s’engagent
A Cannes, la station d’épuration rejette en mer 17 millions de m3 par an d’eau de qualité de baignade. Parmi les usages étudiés pour cette ressource de bonne qualité figurent certes l’arrosage du golf et de cultures, mais aussi, à titre expérimental, le nettoyage de la voirie et un rejet dans le cours d’eau local, la Siagne, afin de diluer sa pollution actuelle. Les études de faisabilité seront achevées d’ici à un mois par les cabinets Espelia et Ecofilae. La décision sera alors entre les mains du syndicat d’eau local.
Toulon Métropole a lancé la première étude globale d’utilisation de 100 % des rejets de ses deux stations d’épuration :
- Les rejets solides (les boues d’épuration) pour produire du biogaz ;
- Les eaux usées pour des usages à définir.
Plusieurs autres projets envisagés dans diverses collectivités sont des pilotes sur des usages dérogatoires en France, tels la recharge de nappes phréatiques (donc la consommation humaine indirecte), la production de neige artificielle, le nettoyage d’égouts, d’avions, de bateaux, etc. De leur réussite dépend un futur nouvel assouplissement réglementaire.
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photo credit: ludovicsarrazin Station d’épuration via photopin (license)